[spectre] Fuck your mother!/ Jean Baudrillard on the actual riots more on the refendum (any monthes later) in Libération...

Louise Desrenards louise.desrenards at free.fr
Sat Nov 19 10:15:41 CET 2005


Jean, "notre ami" pour toujours

Sorry of the translation just made in a mechanical translator. Please to be
attentive in matter of mistakes more misunderstanding in the translation,
and to correct by yourselves regarding the French version.

- It would be only For Baudrillard and for Pierre Marcelle in Rebonds, let
us try to guard safe Libération, whose compression is announced, and in
spite of all the faults committed under this title for more than fifteen
years:)

O.

- ne serait-ce que Pour Baudrillard et pour Pierre Marcelle tâchons de
garder Libé, dont la compression est annoncée, et malgré toutes les fautes
commises sous son titre depuis plus de quinze ans:)

O.


Column "Bounces" in Liberation/ Rubrique "Rebonds" in Libération (FR)
http://www.liberation.fr/page.php?Article=339243

Nique ta mère !/ Fuck your mother! (NTM)
Jean Baudrillard

Note (English speaking): http://en.wikipedia.org/wiki/Supr%C3%AAme_NTM

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Voitures brûlées et non au référendum sont les phases d'une même révolte
encore inachevée.

par Jean BAUDRILLARD

QUOTIDIEN : vendredi 18 novembre 2005
Jean Baudrillard est sociologue.


Burned cars and not in the referendum are the phases of the same still
unfinished revolt.

By Jean BAUDRILLARD
DAILY PAPER : on Friday, November 18th, 2005. Jean Baudrillard is a
sociologist.




    Il aura fallu que brûlent en une seule nuit 1 500 voitures, puis, en
ordre décroissant, 900, 500, 200, jusqu'à se rapprocher de la «normale»
quotidienne, pour qu'on s'aperçoive que chaque nuit 90 voitures en moyenne
brûlaient dans notre douce France. Une sorte de flamme perpétuelle, comme
celle de l'Arc de triomphe, brûlant en hommage à l'Immigré inconnu.
Aujourd'hui reconnu, le temps d'une révision déchirante, mais tout en
trompe-l'oeil.
    Will have to have to burn in a single night 1 500 cars, then, in order
decreasing, 900, 500, 200, until get closer of "normal" daily, so that we
notice that every night 90 cars on average burned in our sweet France. A
sort of perpetual flame, as that of the Triumphal arch, burning in homage to
the unknown Immigrant. Today recognized, the time of a heart-rending
revision, but everything in trompe-l'oeil.

Une chose est sûre, c'est que l'exception française, qui avait commencé avec
Tchernobyl, est révolue. Notre frontière a bien été violée par le nuage
radioactif, et le «modèle français» s'effondre bien sous nos yeux. Mais,
rassurons-nous, ce n'est pas le seul modèle français qui s'effondre, c'est
le modèle occidental tout entier qui se désintègre, non seulement sous le
coup d'une violence externe (celle du terrorisme ou des Africains prenant
d'assaut les barbelés de Melilla), mais encore de l'intérieur même.
    A matteris sure, it is that the French exception, which had begun with
Tchernobyl, is past. Our border was well violated by the radioactive cloud,
and the " French model " collapses well under our eyes. But, let us feel
reassured, it is not the only French model which collapses, it is the
western whole model that splits, not only under the external blow of a
violence (that of the terrorism or the Africans taking of assault barbed
wires of Melilla), but still from the inside.

La première conclusion ­ et ceci annule toutes les homélies et les discours
actuels ­ c'est qu'une société elle-même en voie de désintégration n'a
aucune chance de pouvoir intégrer ses immigrés, puisqu'ils sont à la fois le
résultat et l'analyseur sauvage de cette désintégration. La réalité cruelle
c'est que si les immigrés sont virtuellement hors jeu, nous, nous sommes
profondément en déshérence et en mal d'identité. L'immigration et ses
problèmes ne sont que les symptômes de la dissociation de notre société aux
prises avec elle-même. Ou encore : la question sociale de l'immigration
n'est qu'une illustration plus visible, plus grossière, de l'exil de
l'Européen dans sa propre société (Hélé Béji). La vérité inacceptable est là
: c'est nous qui n'intégrons même plus nos propres valeurs et, du coup,
faute de les assumer, il ne nous reste plus qu'à les refiler aux autres de
gré ou de force.
    The first conclusion - And this cancels all the homilies and the current
speeches - it is that a society itself in process of destruction has no
luck(chance) to be able to integrate its immigrants, because they are at the
same moment the result and the wild analyzer of this destruction. The cruel
reality it is because if the immigrants are virtually offside, us, us are
profoundly in escheat and in the evil of identity. The immigration and its
problems are only the symptoms of the dissociation of our company(society)
battling against itself. Or still: the social question of the immigration is
only a more visible, more unrefined illustration, of the exile of the
European in its own society ( Hélé Béji ). The unacceptable truth is there:
it is us who do not integrate even any more our own values and, as a result,
for lack of assuming them, we do not have more than to re-spin them to the
others one way or another.

Nous ne sommes plus en mesure de proposer quoi que ce soit en termes
d'intégration ­ d'ailleurs, l'intégration à quoi ? ­, nous sommes le triste
exemple d'une intégration «réussie», celle d'un mode de vie totalement
banalisé, technique et confortable, sur lequel nous prenons bien soin de ne
plus nous interroger. Donc, parler d'intégration au nom d'une définition
introuvable de la France, c'est tout simplement pour les Français rêver
désespérément de leur propre intégration.
     We are not any more capable of proposing whatever it is in terms of
integration - moreover, the integration in which? - we are the sad example
of a "successful" integration, that of a totally trivialized, technical and
comfortable way of life, on which we take well care of not wondering any
more. Thus, to speak about integration in the name of an untraceable
definition of France, it is simply for the Frenchmen to dream desperately
about their own integration.

Et on n'avancera pas d'une ligne tant qu'on n'aura pas pris conscience que
c'est notre société qui, par son processus même de socialisation, sécrète et
continue de sécréter tous les jours cette discrimination inexorable dont les
immigrés sont les victimes désignées, mais non les seules. C'est le solde
d'un échange inégal de la «démocratie». Cette société doit affronter une
épreuve bien plus terrible que celle de forces adverses : celle de sa propre
absence, de sa perte de réalité, telle qu'elle n'aura bientôt plus d'autre
définition que celle des corps étrangers qui hantent sa périphérie, de ceux
qu'elle a expulsés et qui, maintenant, l'expulsent d'elle-même, mais dont
l'interpellation violente à la fois révèle ce qui se défait en elle et
réveille une sorte de prise de conscience. Si elle réussissait à les
intégrer, elle cesserait définitivement d'exister à ses propres yeux.
    And we shall not move of a line as long as we shall not have become
aware that it is our company(society) which, by its process of
socialization, secretes and continues to secrete every day this inexorable
discrimination the immigrants of which are the indicated victims, but not
the only ones. It is the balance of an uneven exchange of the "democracy".
This society has to face a test more terrible than that of the opposite
forces: that of its own absence, its loss of reality, such as it will not
soon have other definition anymore than that of the foreign bodies which
haunt its suburb, of those whom it expelled and which, now, expel it from
itself, but which the violent interpellation at the same moment reveals what
comes undone in its and wakes a sort of awareness. If it managed to
integrate them, it would definitively stop existing with the own eyes.

Mais, encore une fois, cette discrimination à la française n'est que le
micromodèle d'une fracture mondiale qui continue, sous le signe précisément
de la mondialisation, de mettre face à face deux univers irréconciliables.
Et la même analyse que nous faisons de notre situation peut être répercutée
au niveau global. A savoir que le terrorisme international n'est lui-même
que le symptôme de la dissociation de la puissance mondiale aux prises avec
elle-même. Quant à chercher une solution, l'erreur est la même aux
différents niveaux, que ce soit celui de nos banlieues ou des pays
islamiques : c'est l'illusion totale qu'en élevant le reste du monde au
niveau de vie occidental, on aura réglé la question. Or, la fracture est
bien plus profonde, et toutes les puissances occidentales réunies le
voudraient-elles véritablement (ce dont on a toutes les raisons de douter),
qu'elles ne pourraient plus réduire cette fracture. C'est le mécanisme même
de leur survie et de leur supériorité qui les en empêche ­ mécanisme qui, à
travers tous les pieux discours sur les valeurs universelles, ne fait que
renforcer cette puissance, et fomenter la menace d'une coalition antagoniste
de forces qui la détruiront ou rêvent de la détruire.
    But, once again, this discrimination in the French is only the
micromodel of a world fracture which continues, under the sign exactly of
the globalization, to put face to face two implacable universes. And the
same analysis as us make of our situation can be echoed at the global level.
In knowledge that the international terrorism is itself only the symptom of
the dissociation of the world power battling against itself. As if to
looking for a solution, the error is the same at the various levels, whether
it is that of our suburbs or Islamic countries: it is the total illusion
that by bringing up the rest of the world at the level of life Westerner, we
shall have settled the question. Now, the fracture is deeper, and all the
reunited western powers would really want it (what all the reasons of which
we have for doubting), that they could not reduce any more this fracture. It
is the mechanism from their survival and from their superiority that
prevents them from it - mechanism which, through all the pickets speech on
the universal values, is only strengthening this power, and stirring up the
threat of an opposing coalition of forces which will destroy itor dream to
destroy it.

Heureusement ou malheureusement, nous n'avons plus l'initiative, nous
n'avons plus, comme nous l'avons eue pendant des siècles, la maîtrise des
événements, et sur nous plane une succession de retours de flamme
imprévisibles. On peut déplorer rétrospectivement cette faillite du monde
occidental, mais «Dieu sourit de ceux qu'il voit dénoncer les maux dont ils
sont la cause».
    Fortunately or regrettably, we have no more the initiative, we do not
have any more, as we had her during centuries, the control of the events,
and on us smooth a succession of unpredictable returns of fire. We can
regret afterward this bankruptcy of the western world, but " God smiles of
those that he sees denouncing the troubles the cause of which they are ".

Ce retour de flamme des banlieues est donc directement lié à une situation
mondiale ; mais il l'est aussi ­ce dont il n'est étrangement jamais
question ­à un épisode récent de notre histoire, soigneusement occulté
depuis, sur le même mode de méconnaissance que celui des banlieues, à savoir
l'événement du non au référendum. Car le non de ceux qui l'ont voté sans
trop savoir pourquoi, simplement parce qu'ils ne voulaient pas jouer à ce
jeu-là, auquel ils avaient été si souvent piégés, parce qu'ils refusaient
eux aussi d'être intégrés d'office à ce oui merveilleux d'une Europe «clés
en main», ce non-là était bien l'expression des laissés-pour-compte du
système de la représentation, des exilés de la représentation ­ à l'image
des immigrés eux-mêmes, exilés du système de socialisation. Même
inconscience, même irresponsabilité dans cet acte de saborder l'Europe, que
celles des jeunes immigrés qui brûlent leurs propres quartiers, leurs
propres écoles, comme les noirs de Watts et de Detroit dans les années 60.
    This tongue of flame of suburbs is thus directly connected to a world
situation; but it is also - what question of which it is strangely never -
in a recent episode of our history carefully hidten since, on the same mode
of misunderstanding as that of suburbs, namely the event of in the
referendum. Because of those who voted for it without knowing too much why,
simply because they did not want to play this game set, in which they had so
been often trapped, because they refused too to be automatically integrated
into it yes supernatural of Europe " key in hand ", this No there was indeed
the expression of the unsold articles of the system of the representation,
the exiles of the representation - just like the immigrants themselves,
exiled by the system of socialization. The same unconsciousness, the same
irresponsibility in this act to stubble Europe, as those of the young
immigrants who burn their own districts, their own schools, as the blacks of
Watts and Detroit in the 60s.

Une bonne part de la population se vit ainsi, culturellement et
politiquement, comme immigrée dans son propre pays, qui ne peut même plus
lui offrir une définition de sa propre appartenance nationale. Tous
désaffiliés, selon le terme de Robert Castel. Or, de la désaffiliation au
desafio, au défi, il n'y a pas loin. Tous ces exclus, ces désaffiliés,
qu'ils soient de banlieue, africains ou français «de souche», font de leur
désaffiliation un défi, et passent à l'acte à un moment ou à un autre. C'est
leur seule façon, offensive, de n'être plus humiliés, ni laissés pour
compte, ni même pris en charge. Car je ne suis pas sûr ­et ceci est un
autre aspect du problème, masqué par une sociologie politique «bien de chez
nous», celle de l'insertion, de l'emploi, de la sécurité ­, je ne suis pas
sûr qu'ils aient, comme nous l'espérons, tellement envie d'être réintégrés
ni pris en charge. Sans doute considèrent-ils au fond notre mode de vie avec
la même condescendance, ou la même indifférence, que nous considérons leur
misère. Peut-être même préfèrent-ils brûler les voitures que de rouler
dedans ­à chacun ses plaisirs. Je ne suis pas sûr que leur réaction à une
sollicitude trop bien calculée ne soit pas instinctivement la même qu'à
l'exclusion et à la répression.
     A good part of the population lives so, culturally and politically, as
immigrant in its own country, which cannot offer him / her even any more a
definition of its own national membership. All withdrawn, according to
Robert Castel's term. Now, of the cancellation in the desafio, in the
challenge, there is not far. All these outcasts, these withdrawn, that they
are of suburb, African or French " nativ from the origin ", make of their
cancellation a challenge, and pass in the act at the moment or in the other
one. It is the only way, offensive, they not were humbled, neither left any
more for account, nor of even took care. Because I am not sure - and this is
another aspect of the problem, masked by a political sociology " typical
from us ", that of the insertion, the employment, the security-, I am not
sure that they have, as we hope for it, so envy to be reinstated nor taken
care.  I am not sure that their reaction to a too well calculated care is
not instinctively the same that in the exclusion and in the repression.

La culture occidentale ne se maintient que du désir du reste du monde d'y
accéder. Quand apparaît le moindre signe de refus, le moindre retrait de
désir, non seulement elle perd toute supériorité, mais elle perd toute
séduction à ses propres yeux. Or, c'est précisément tout ce qu'elle a à
offrir de «mieux», les voitures, les écoles, les centres commerciaux, qui
sont incendiés et mis à sac. Les maternelles ! Justement tout ce par quoi on
aimerait les intégrer, les materner !... «Nique ta mère», c'est au fond leur
slogan. Et plus on tentera de les materner, plus ils niqueront leur mère.
Nous ferions bien de revoir notre psychologie humanitaire.
    The western culture remains only of the desire besides of the world to
reach it. When appears the slightest sign of refusal, the slightest retreat
of desire, not only it loses any superiority, but she(it) loses any
seduction with the own eyes. Now, it is exactly all that she(it) has to
offer of "better", cars, schools, shopping centres, which are burned and put
in bag. Nursery schools! Exactly all by that we would like to integrate
them, to mother them!... " Nique your mother ", it is at the bottom their
slogan. And the more we shall try to mother them, the more they niqueront
their mother. We would indeed make see againour humanitarian psychology.


Rien n'empêchera nos politiciens et nos intellectuels éclairés de considérer
ces événements comme des incidents de parcours sur la voie d'une
réconciliation démocratique de toutes les cultures ­tout porte à considérer
au contraire que ce sont les phases successives d'une révolte qui n'est pas
près de prendre fin.
    Nothing will prevent our politicians and our intellectuals enlightened
to consider these events as minor setbacks on the way of a democratic
reconciliation of all the cultures - everything carries to consider on the
contrary that it is the successive phases of the revolt which is not to come
to an end.

J'aurais bien aimé une conclusion un peu plus joyeuse mais laquelle ?
    I would have liked well a little more joyful conclusion but which?



J.B.

Dernier ouvrage paru/ Last work published -FR- : Les Exilés du dialogue ;
avec Enrique Valiente
Noailles (Galilée, November, 2005).




Dans la même rubrique/ IN the same column

Nique ta mère !
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Ce que révèlent les émeutes
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Mitterrand entre deux peuples
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