[spectre] just coming a strange message

Aliette Guibert guibertc at criticalsecret.com
Wed Dec 8 00:44:33 CET 2004


A French spoken message is coming from the list Cesarelibre-infos... I mean
of Battisti's list.
He speaks of the sense...

But so many European signatures against the extraditions are still missing
on this list!
(French League of the Human Rights)
http://www.ldh-france.org/agir_manifestations2.cfm?idmanif=125

It Is said : "France must respect its promise" - azylum is not a joke.

Please let us know how numerous more will sign.

Thanks


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Ce message en provenance de la liste de soutien de Cesare...
Où a-til pris que nous l'oublions ? Mais non, Cesare, nous l'attendons...

MAIS IL MANQUE PLEIN DE SIGNATURES ENCORE PAR LA  !!!
http://www.ldh-france.org/agir_manifestations2.cfm?idmanif=124


J'aime bien ses propos, ils en disent encore autrement de ce que nous
savions déjà, qui avait perdu son importance ; seulement voilà, si le
fantôme de la conscience hante le monde désinformé en temps réel,
généralement devenu révisionniste, chaque fois qu'il revient sous la plume
ou les propos de ceux qu'il habite, alors contrairement au fantôme du passé,
son énergie éveille - tient en éveil. Veiller c'est à la fois attendre... et
protéger.

Sans guetteur la cité est maudite
(Edmond Jabès)

C'est une façon peu habituelle de l' émergence.
A.

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La vérité est transparente comme une goutte d'eau qui court le long d'un
fil. Elle peut tomber d'un moment à l'autre.

J'ai beau me boucher les yeux et les oreilles. Mon repaire, qui n'en est pas
un, ne saurait être à l'abri de ce climat d'ordinaire vengeance qui semble s
'installer autour de mon « affaire », qui d'ailleurs est aussi celle de tous
les réfugiés italiens. Disant climat, je me garde bien de dire « opinion
publique », car, et fort heureusement, même les faiseurs de vérité les mieux
placés n'arrivent pas à pénétrer ce mystère. Je fais naturellement allusion
à tous ceux qui, par mauvaise foi ou par ignorance, se remplissent la bouche
de mots comme « démocratie », « liberté », tout en me livrant à la prison à
vie décidée par contumace dans un pays alors en état d'urgence.
C'est à ne pas y croire. Ces personnes, je me le demande, croient-elles
fermement que l'Italie des années 70 était une véritable démocratie, avec un
Gouvernement capable d'assurer les droits les plus élémentaires de ses
citoyens ? Non, excusez la cruauté des mots, mais moi, je préfère presque la
première hypothèse ; au moins c'est clair, on a affaire aux marchands de
toujours, la morale dans les poches, et ainsi on n'en parle plus.
Parce qu'il faut appeler un chat un chat.
Ceux qui aujourd'hui prendraient la décision d'envoyer un de leurs
concitoyens (je rappelle à ceux qui veulent l'entendre que ma naturalisation
était acceptée juste avant mon incarcération), en Italie pour y affronter la
prison à vie, sans jamais avoir eu le droit à un procès équitable, et bien,
ces personnes porteront sur elles la honte à vie.
Quoi qu'ils inventent pour justifier leur jugement.
Mais au-delà de la pourtant sacrée présomption d'innocence, (et je le répète
fort et haut, je ne peux pas payer pour des homicides que je n'ai pas
commis), je tiens à préciser aussi, pour le cas où parmi ces « justes » il y
aurait des amnésiques, que la question dépasse de loin le domaine juridique.
Parce que moi, voyez-vous, je suis de ces personnes qui pensent encore que l
'histoire est matière beaucoup trop complexe, importante, pour qu'elle soit
faite en quelques heures de débat contradictoire dans une salle de tribunal,
et par-dessus le marché sans aucune possibilité de défense.
Les années 70, celles d'une génération entière, de militants et de non
militants, quelles que fussent les circonstances de chacun, sont un drame
historique  et  pas un fait divers.
Et à ceux qui s'obstinent à parler « d'années de plomb », il faut peut-être
dire une fois de plus que le poids du plomb penchait largement du côté d'un
pouvoir établi sur des bases artificielles et déchiré tout d'abord par la
violence meurtrière des ses luttes intestines.
Cela dit, je ne veux pas parler le même langage que celui de ces mauvaises
consciences qui aujourd'hui, plus de 30 ans après les faits, se font
complices de ceux qui voudraient nous enterrer vivants. Je n'accuse
personne, ça aussi fera partie de l'histoire. Mais je ne peux pas rester
muet, lorsque certains journaux italiens, prétendent me voir partout et,
notez bien, pas n'importe où, mais très précisément logé chez ETA ou engagé
par les militants armés corses. Cela me fait froid dans le dos. Parce qu'à l
'époque, quand déjà les dérapages ne se comptaient plus ni d'un côté ni de l
'autre de la « barrière », quand ces même journaux commençaient à écrire ces
mêmes mots qu'ils ressuscitent aujourd'hui, alors, la personne «
dangereuse » qu'on voyait partout, quelques semaine après était abattue à
bout portant dans la rue et parfois, et cela aussi est histoire, dans son
propre lit. Non, je ne veux pas faire de la paranoïa et je sais bien que les
temps ont changé. Mais croyez-moi, il y a des mots, des sales tactiques qu'
on n'oublie jamais. Surtout quand les défunts « dangereux » en question
étaient aussi des jeunes comme moi.
Pardonnez-moi si parfois mes paroles sont vives : manque de sérénité oblige.
Je voudrais seulement ouvrir mon cour à ceux qui veulent encore regarder
dedans et leur dire pourquoi.
Pourquoi l'histoire n'existe plus, pourquoi la mémoire devient celle d'un
jour, jusqu'au prochain journal télévisé. Je divague peut-être, mais même la
notion d'accident n'existe plus. L'évènement naturel aussi a disparu pour
faire place à la faute à quelqu'un.
Pourquoi il y a toujours et forcément un coupable, un humain qui doit payer
pour tous au nom de l'omniprésente responsabilité individuelle et la
désormais innommable faute collective.
Pourquoi, s'il vous plait, avant même de chercher à comprendre poursuit-on
déjà un coupable et grand malheur s'il n'y en avait pas un ad hoc !
Peut-être parce que, nous sommes devenus incapables d'assumer la douleur de
l'adversité et cherchons soulagement et distraction dans la recherche du «
Reo ».
Et puis encore, excusez-moi la naïveté et sans jamais oublier l'
incontestable respect qu'on devrait tous avoir pour la vie humaine, pourquoi
est-on Résistant lorsqu'on gagne et terroriste quand on perd ?
Pourquoi la vengeance est-elle devenue une pratique ordinaire ? Je me
souviens, pourtant, que ça n'a pas été toujours ainsi. Il fut un temps où la
vengeance était quelque chose d'horrible et seulement très peu de malheureux
osaient la défier, se trompant souvent de cible.
Aujourd'hui, en revanche,  elle semble devenue une nécessité, la nova res
publica. Il nous faut un coupable et le punir, oubliant sa vie sociale, sa
famille, les valeurs de respect et de liberté qui sont et restent les
siennes, les promesses .
Il n'y a plus de dieux à brûler. Le ciel est vide.

SOURCE
[cesarelibre-infos] message reçu ce jour





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