[spectre] Moratorium to battisti Day -1 -> D Day | Fred Vargas, Claude Mesplèdes | Marie-Dominique Massoni

Louise Desrenards louise.desrenards at free.fr
Wed Apr 7 05:29:45 CEST 2004


Moratorium to Battisti Cesare -> Day -1 -> D DAY
to A DAY MORE!
Every day a text up to the fence of the lawsuit


If you agree this content,
please to follow integral copy-paste to preserves links,
more abstracts or translations from your own but respecting our cause
and send Cci (that keeps secret the adresses) to your own list

Thanks

(si vous êtes d'accord,
merci de faire suivre en copiant-collant
pour la validité des liens
et en adresses par Cci)


Multilingual
/////////


Wenesday April 7th
D DAY to A DAY MORE...


Dramatic turn of events: Italian Government has sent to French court a new
file just on Tuesday morning ! so what the lawsuit is postponed much
later... In any case Battisti has to go to the court today.

    L'examen de la demande d'extradition de Battisti a été reporté.
    L'audience est cependant maintenue mais aura lieu à 18h.
    Le rassemblement devant le Palais de justice de Paris
    est donc reporté à 18h au lieu de 14h.
    Les avocats souhaitent du monde dans le palais.


Waiting, you can get the link of the day and print to work yourself on
thema-anachronistic point of view of the Actual environment here and there -
quote that France was not in Nato in these years but it is now - (then write
us). The fact is a Memory in History by a student in Political Sciences
(2003):
http://www.rennes.iep.fr/html/Fauvet/Memoires/Memoires-03/Lemaire.pdf



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YESTERDAY YOU HAVE GOT IT IN FRENCH
TODAY IN ENGLISH

Open letter to italian and french people
translated by Nathalie Beunat
Thanks Fred Vargas


An inexplicable nightmare
by Cesare Battisti

For the eleventh time, I¹m trying again. I have already tried ten times to
write this letter for speaking to you, italian people, and french people
too. But pressure and emotion have been so hard, the words used against me
so violent, and what is happenning now being so tremendous and astounding
that I can¹t believe it and I feel powerless facing it : how my sole voice
would be able to confront other people¹s voices, all these angry shouts
against me. What kind of reaction am I supposed to get when I find myself
overwhelmed by spreading rumours : ³odious criminal², ³murderer², ³killer²S
This man who bears my name in newspapers, I can¹t recognize him, it¹s not
me.
How can I be heard ? At that time, social dispute was at the origins of
expeditious procedures ending in trials which have obviously been led in
front of special courts. Regarding a situation approached collectively, how
could we have expressed individual responsabilities and individual truths ?
What can I say ? What have I to offer ? Only my own sincerity. Only my own
truth. These are my only answers to face this attack. Yes, I¹ve been a
member of an armed group at that time, as were thousands of young people in
the same way, but I¹ve never been the ³leader² of anyone. Having lost faith
in the justice of my country, I escaped and went into exile abroad. Then I
had been tried while I wasn¹t there, while I had no possibility of standing
up for myself, of not even a chance of ever talking to a lawyer. In this
context, I was sentenced to a life imprisonment upon ³repentant² people¹s
words who had thus been granted a reduction of their own sentence.

My own truth. The ³revolution² caught me by chance in a street plunged in a
turmoil, it came across the ³communist dream² I had heard of during my whole
youth in the farm I used to live. I take on all my political involvement
that followed. It¹s part of my past, of this bygone craze which have been
overtaken by maturity of mind and punished by exile. It is also part of my
country history, a tragic history with grief and the many dead we couldn¹t
forget, these victims haunting our collective memory.

I have been writing during all these years in order to understand and to
make understand, I have been talking to young people about my own chaotic
story, so that they can think about the consequences of such revolts, so
that terrible events spared them. These years of erring ways I paid for
them, by several years spent in jail and by more than twenty years of exile.
France offered me its word, its State Word, France offered right of asylum
to Italians, so I came here fourteen years ago, and French justice stated I
was not going to be extradited.

But today, without understanding why and how, again I¹m threatened with
extradition, and with life imprisonment. In this inexplicable nightmare I do
not understand, I only know and I can only say to you : if it¹s going to be
my fate, then justice wouldn¹t have been done.

C.B.

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http://www.cesarebattisti.net


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CESARE BATTISTI, OU L'ARBRE QUI CACHE LA FORÊT
par Fred Vargas & Claude Mesplèdes


        Tant d'encre a coulé depuis un mois sur l'affaire Cesare Battisti
que le premier des faits à pointer est précisément cette extraordinaire
démesure; et la première des choses à faire de s'interroger sur sa raison
même : il y a deux ans, l'extradition de l'enseignant Paolo Persichetti,
réfugié politique en France, est passée quasiment inaperçue. En revanche,
celle demandée pour Cesare Battisti a déclenché dans les médias italiens,
relayés par une très grande partie de la presse française, une stupéfiante
campagne pro-extradition. Pour influencer et paralyser l'opinion publique,
on a vu se développer une propagande accusatrice et haineuse strictement
ciblée sur un homme qui, il y a un mois encore, était un parfaitement
inconnu des Français. Parce que cette réaction est hors de proportion, et
nous dirons même anormale, elle est riche d'enseignements : car elle est
l'expression symptomatique d'un phénomène bien connu, le masquage . En
psychiatrie, le masquage, occupant l'esprit tout entier au profit d'une idée
obsessionnelle, se nomme un " évitement ", ayant pour fin d'empêcher le
problème véritable de parvenir au conscient. Le parallèle n'est pas inutile
: car en Histoire, le masquage, orchestré par un pouvoir, qu'il fut d'Eglise
ou d'Etat, qu'il ait été médiéval ou contemporain, n'a jamais eu qu'une
seule fin : détourner l'attention du public en la focalisant avec un grand
retentissement sur une cible précise, donnée pour " responsable des maux ",
afin d'éviter la visibilité de vérités embarrassantes ou indicibles :
l'impuissance ou la faute gouvernementale. Les exemples d'autodafés et
autres bûchers destinés à dissimuler les cavernes des pouvoirs et leurs
chambres hantées sont monnaie courante de l'Histoire, chacun le sait. Ces
bûchers furent les arbres choisis pour cacher les forêts.

Aujourd'hui, l'amplification anormale du cas Battisti trahit un phénomène
strictement analogue. Battisti fait fonction d'arbre, grandi à des
dimensions extravagantes, diabolisé, habillé d'une défroque de monstre, afin
que l'opinion publique se concentre sur cette figure placée en proue,
vacille et en oublie le reste. Quel " reste " ? Ou, en d'autres termes,
quelle forêt cette figure est-elle censée cacher ?
Notons d'entrée que le but est hélas largement atteint. La mobilisation
française contre l'extradition de Cesare Battisti s'axa dès l'origine sur
une défense strictement républicaine, soit : respect de la parole d'Etat
donnée par Mitterand aux réfugiés italiens en 1985, et préservation de notre
Droit, qui n'autorise pas qu'une même affaire soit jugée deux fois. Ces
arguments indiscutables reçurent au début un écho certain. Mais ils sont à
présent noyés dans la marée que la presse italienne a fait déborder sur la
France, ouvrant avec efficacité pour déplacer les objets du débat et
substituer à la question du Droit et de la Parole celle de la Culpabilité.
Au nom de cette " culpabilité " proclamée d'office par la presse, et sur
laquelle nul ne songe à s'interroger, l'opinion publique a oublié droit,
principes et république pour conspuer et basculer dans un seul cri vers
l'extradition.

Il est essentiel de souligner que l'orchestration de ce tapage n'était
évidemment pas prévue. A l'origine, les extraditions demandées par un
Berlusconi en difficulté n'avaient pas d'autre but que de créer un réflexe
d'unité nationale temporaire, tous les partis ayant maille à partir, d'une
manière ou d'une autre, avec les événements des années de plomb.
L'extradition de Cesare Battisti (suivie par d'autres, déjà programmées),
devait assurément passer inaperçue en France.

Mais un minuscule grain de sable se glissa dans l'engrenage, que les
gouvernements français et italiens ne pouvaient en aucune façon envisager :
Battisti appartenait à la famille des écrivains de romans policiers
français. Petit groupe totalement négligeable de moins de cent cinquante
personnes, mais solidaire et animé de réflexes politiques rapides. Son
arrestation embrasa donc aussitôt ce noyau d'écrivains marginaux et, de
l'activité de ce point d'incandescence imprévu, naquit une mobilisation
immédiate, qui s'étendit comme un feu de paille à travers la France à plus
de 23.000 personnes. Rapidement, ce mouvement fut amené à mettre en évidence
les indicibles vérités sur l'ancien procès qui condamna Battisti par
contumace à la prison à vie et, par suite, sur les lois "spéciales" édictées
par le gouvernement italien de 1974 à 1982, sans omettre le fonctionnement
de la magistrature d'alors, si contraire aux droits de l'homme qu'Amnesty
International le condamna.

Ainsi, de manière imprévisible, réemergea à la surface des eaux une épave
envasée de l'Histoire, guère belle à voir. Et c'est bien cette apparition,
et non pas le cas de Battisti, qui mit le feu à l'Italie : car la plupart
des politiques et des magistrats qui approuvèrent ou appliquèrent les lois
d'exception qui régirent les procès d'alors sont toujours aux commandes
aujourd'hui. Et nul d'entre eux ne souhaite voir ressurgir le détail des
mesures drastiques auxquelles ils adhérèrent. Des respectabilités, des
réputations, des carrières sont en jeu. Il faut à tout prix, et même à
n'importe quel prix , remettre au placard ce si dangereux fantôme que les
Français ont brutalement exhumé . Seule solution, donner à croire par tous
les moyens à la régularité absolue de la justice de cette période et prouver
combien le procès contre Cesare Battisti fut "exemplaire". Et pour ce faire,
revendiquer non seulement la culpabilité de l'accusé mais encore la décupler
en créant une image redoutable de l'homme : le présenter comme un " terrible
meurtrier ", au " sadisme glacial " n'hésitant pas à " tirer sur un enfant
de treize ans ", à " achever une victime au sol par un coup à la nuque ". De
sorte que, face au "monstre" ainsi façonné, on cesse de se soucier de la
manière dont il fut jugé, un détail devenu négligeable au regard de sa
cruauté.

        Aussitôt dit, aussitôt fait. L e jeune garçon tragiquement blessé au
cours du crime Torregiani, et devenu paraplégique, est par exemple exhibé
sans relâche à la télévision italienne comme une victime de Battisti. Les
procureurs de l'époque savent pertinemment qu'il fut atteint par une balle
de son propre père, mais laissent courir le mensonge. C ar tout est bon pour
diaboliser l'accusé et dans le même temps discréditer les arguments français
. Torrents de contre-vérités, d'hypocrisies et d'élisions volontaires s'y
emploient, ainsi qu'attaques contre les défenseurs français de Battisti.
Cette démesure définit, par retour logique, l'étendue même de la forêt et la
gravité de son contenu.

L'intoxication fonctionne à plein  et bientôt ne figurent plus à
l'avant-scène de l'affaire qu'un " monstre Battisti " et une poignée d'"
intellectuels " français égarés, ignares, affligés d'un "complexe de
supériorité", "empaillés" et nostalgiques "pseudo-romantiques" de la
Révolution. La presse française (à l'exception notable de Libération,
Paris-Match, Télérama, Le Nouvel Observateur et l'Humanité, parmi les
journaux nationaux), relaie subjectivement la propagande italienne. Elle
publie les articles dévastateurs de célèbres magistrats italiens qui,
curieusement, montent en personne au créneau, dont évidemment l'un des
anciens procureurs qui représenta l'accusation contre Battisti. Le bourrage
de crâne tourne l'opinion publique dans un seul sens , sans aucune preuve et
sans recul. Aucun des textes en provenance d'Italie qui dénoncent la réalité
des procès viciés et décrivent la vérité sur l'affaire ne parvient à être
publié. Les paroles sont muselées, une auto-censure des médias rend la
défense inaudible, et le cri d'attaque est quasi univoque.

Diabolisons un sorcier, brûlons-le, et tirons le rideau sur les vérités à
cacher. Ce tragique tour de passe-passe qui a tant parsemé l'Histoire, le
re-voilà en action aujourd'hui, faisant grincer ses rouages médiévaux :
brûlons Battisti et oublions l'iniquité de son procès et de centaines
d'autres durant les années de plomb, tirons le rideau sur leurs penseurs,
leurs approbateurs et leurs exécuteurs. Le procédé est grossier, monstrueux,
mais il fonctionne, et c'est tout ce qu'on lui demande.
Des politiques, des magistrats viennent ainsi de transformer un homme en
démon, qu'ils sont prêts à brûler pour protéger leur réputation . Peut-on en
conscience les appeler " hommes de loi " ? Ou bien plutôt, " hommes de soi "
? Et qui doit-on croire ? Ces magistrats qui se couvrent ? Ou ces analystes
qui rappellent l'usage de la torture, de l'isolement pénitentiaire, de
l'achat des accusés, de la négociation des remises et des suppressions de
peine, les lois et décrets nouveaux destinés à fabriquer des " repentis " ou
des " dissociés ", prêts à donner un nom ou un indice pour échapper à leur
sort ? Les "témoignages" ainsi fabriqués et extorqués ? L'utilisation de
"dépositions" de mineurs ou de faibles d'esprit ?

Dans le procès Battisti, pas un seul des témoignages à charge n'est fiable,
pas un seul ne relève d'une justice digne de ce nom . Tous les nouveaux
outils issus des "lois spéciales" y furent utilisés. Pourtant l'accusation
affirme aujourd'hui l' " équité " et les " règles ordinaires " de la
procédure dont il a " bénéficié ". Nul ne crie davantage que celui qui a un
secret à cacher. Battisti, lui, ne crie pas. Il a toujours nié les quatre
homicides qui lui furent imputés, mais personne ne l'écoute. On écoute les
cris des " sages ", des " puissants ", des "juges " qui ne sauraient mentir,
bien qu'ils soient tous aujourd'hui en flagrant délit de dissimulations de
toutes sortes, au regard des faits historiques.
Si, dans un siècle, les historiens étudient cette affaire, les véritables
responsabilités seront pour eux un jeu d'enfant à démontrer. Car, n'était la
gravité extrême des conséquences vitales pour Cesare Battisti, le
déroulement du processus en cours serait un régal pour l'historien, qui voit
se reproduire à l'identique l'antique pratique de la diabolisation destinée
à dissimuler l'indicible.

Et pourquoi, au prétexte que l'affaire Battisti se déroule aujourd'hui, ne
pourrait-on dès à présent y jeter un regard d'historien ? Par ce seul regard
distancié et objectif, attaché aux seuls faits et au contexte de
l'accusation, les ombres et les clartés se recalent à leur juste place. Et,
sortant du leurre auquel on tient à nous faire croire, émerge alors
l'évidente présomption d'innocence pour Battisti.
C'est pourquoi, outre la valeur absolue de la parole d'Etat et du droit, une
vision historienne des événements , des glissements et des étapes qui se
sont succédés au cours de ce mois de mars 2004 accroît formidablement la
lisibilité de l'affaire : elle révèle l'existence d'une forêt tabou qu'un
arbre Battisti démesuré est censé cacher. Forêt si trouble, épave si lourde,
que toute extradition vers l'Italie est inenvisageable. Car l'Histoire est
là, qui guette, qui sait, et qui, de toute façon, saura. Et seule
l'historicisation des années de plomb permettra à l'Italie de les surmonter.
En attendant ce processus salvateur, nul Italien réfugié ne pourrait
aujourd'hui être extradé vers les prisons sans que l'Histoire en rougisse ad
vitam aeternam , de part et d'autre des Alpes, pour ces deux peuples amis.

F.V. er C.M.


Note : Merci aux écrivains et historiens V. Evangelisti, R. Bui et D.
Manotti pour les informations fournies sur l'histoire italienne et les
procès des années de plomb. Voir leurs articles dans L'Humanité du 16 mars
2004, dans Il Manifesto (9 mars), et sur le forum web du Nouvel Observateur
(1er avril). Consulter aussi les sites web :
www.wumingfoundation.com/italiano/outlakes.cesarebattisti2french.html,
http://cesarebattisti.free.fr , et www.mauvaisgenres.com et
http://www.carmillaonline.com .
V. Evangelisti, R. Bui, et al. ont publié le 29 mars 2004 en Italie un
ouvrage intitulé Il caso Battisti : mais le livre est sorti coupé et amputé
par l'éditeur, c'est-à-dire censuré.

* Fred Vargas (archéologue, écrivain) et Claude Mesplède (écrivain).

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http://www.carmillaonline.com


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LETTERA APERTA A BARBARA SPINELLI CORRISPONDANTE DE LA STAMPA A PARIGI
Marie-Dominique Massoni



    Ho appena saputo che i giudici della corte d'appello di Milano hanno
deciso,
il 12 marzo, di assolvere i neo-fascisti: Delfo Zorzi (rifugiato in Giappone
e cittadino giapponese), Carlo Maria Maggi e Giancarlo Rognoni, condannati
all'ergastolo per essere stati gli autori o i complici dell'attentato di
Piazza Fontana nel 1969. Mi ricordo della morte dell'anarchico Pinelli,
suicidato da un commissario di polizia prima che si scoprisse alla fine che
l'estrema destra, sostenuta da quanti avevano qualche interesse a che si
sviluppasse la strategia della tensione, era commissionata del massacro. Si
ricordi del sistema americano-europeo di lotta contro la sovversione di
estrema sinistra in Europa, la Gladio, sostenuta da una parte della
democrazia cristiana. Si ricordi delle leggi speciali degli anni '70 che,
poco a poco, crearono un apparato repressivo talmente contrario ai diritti
dell'uomo che Amnesty International le denunciò.

Ha la memoria corta, signora Spinelli? I "pentiti", fiore all'occhiello
dello stato d'eccezione, hanno ritrovato ben presto la libertà, ma le
vittime delle loro dichiarazioni sono ancora in prigione, semplicemente
perché hanno rinunciato ad entrare in quel sistema avvilente. Dovrei dedurne
che per lei la violenza di Stato sia accettabile? Dovrei dedurne che il
corpus di leggi che faceva di ogni contestatario un criminale potenziale e
di Dalla Chiesa un grande inquisitore dei tempi moderni sia accettabile? Ciò
che lei rimprovera a Cesare Battisti è di non essersi pentito, cioè di avere
la faccia di non umiliarsi.  Lei rimprovera ai giornali e agli scrittori che
sostengono Battisti di non conoscere affatto i fatti, ma oltre a quelli che
lei tace e che ho appena rievocato, come posso non dirmi che lei non legge
la stampa italiana e le sue inesattezze, le sue informazioni false e
contraddittorie. Guardi per esempio tutto quello che si dice intorno alla
morte del gioielliere Torreggiani. Anche quest'uomo aveva il grilletto
facile, a quanto pare. Perché omettere le informazioni che renderebbero
conto di ciò che avvenne realmente, compreso al momento della sparatoria e
prima? Un commerciante avrebbe il diritto di assassinare un ladro?

Che pensare dell'accanimento col quale persone come lei perseguono con la
propria riprovazione altre persone per fatti così vecchi, quand'invece
queste ultime rivendicavano una certa grande idea della giustizia? E' in
nome di un'altra idea della giustizia che alcuni sostennero e condussero la
lotta armata negli anni '70. Lei mi dirà che il potere allora in carica non
era corrotto? Mi dirà pure che la sua idea di giustizia si dispensa dal
ragionare sul terrorismo di Stato allora fiorente? Lei reclama per i suoi
attori e complici, Berlusconi, per esempio, i lavori forzati o l'ergastolo?
Forse lei pensa che quelle persone abbiano assicurato la continuità della
democrazia? Di una democrazia che perde sempre più ogni capacità di
rivendicare il minimo di dignità umana a coloro che considera come
resi-merce della sua grandiosa età mercantile, di una democrazia divenuta
tacitamente uno stato d'eccezione in cui quelli che parlano a suo nome non
si accorgono neanche più del restringimento delle loro facoltà critiche.
Pertanto gli è allora facile inghiottire la RAI senza pensare un istante a
rimettere in una prospettiva storica i commercianti che regolano i loro
compiti, i mafiosi impuniti, le bande armate dei politici al potere, le
manipolazioni dell'informazione attraverso i giornalisti, l'incapacità
stessa di uno spirito che dovrebbe essere lucido per cogliere tutte le poste
in gioco di una situazione sociale di cui è impossibile possedere tutte le
chiavi.

Sotto la sua forma statale come sotto quella anti-statale o comunista, il
terrorismo ha fatto molti morti e feriti in quegli anni. Ma mi sembra che
oggi, così come alcuni vecchi artefici della strategia della tensione sono
liberi, tengono le redini dello Stato italiano, si tratterà probabilmente di
pensare all'amnistia.

Avrei sperato, signora, che avendo vissuto in Francia da tanti anni, aveste
almeno capito cosa vuol dire la parola amnistia. I comunardi francesi furono
amnistiati dieci anni dopo la Comune. Ma, dirà lei, quelli furono dei veri
insorti, non i "terroristi" italiani. Sarà solo lei a dirlo, poiché la
stampa di allora non cessò di imbastire la loro rievocazione con i peggiori
epiteti di disprezzo. Perché rimprovera il fatto che Robert Badinter abbia
preso posizione in favore di un acquietamento degli spiriti? Dobbiamo a
quest'uomo la soppressione della pena di morte in Francia, il che non è
poco.

Vede, signora, anche se questo non sarà compreso immediatamente dagli
spettatori e dagli elettori, è meglio scegliere ciò che permette la strada
dell'acquietamento, la quinta stagione, direbbero gli analisti. Quando dei
governi hanno scelto, sulla fiducia della parola di un altro, di spedire le
loro truppe a partecipare a dei massacri di civili in Medio Oriente
(Afghanistan, Iraq), come li si giudicherà? C'era bisogno di tanti morti per

catturare un tiranno? Servivano tanti morti perché si capisse che un
presidente di una democrazia occidentale si sarebbe oramai opposto ai suoi
alleati della vigilia? Che dire quando egli utilizza per fini di campagna
elettorale le immagini degli attentati dell'11 settembre? Che dire dinanzi
all'orrore di giovedì 11 marzo a Madrid?

Negli anni '70, non ci fu solo la lotta armata. Molteplici esperienze
mirarono a trasformare il mondo e le relazioni umane, alcuni colpi di stato
sapientemente preparati misero fine a certe democrazie (nel Chile per
esempio), mentre Franco finiva i suoi giorni molto tranquillamente. Tutto
questo, lei lo sa, arroccata sul suo scoglio d'onniscienza politica e di
pensiero autocompiaciuto. Ma vede, io che non leggevo né conoscevo le sue
cronache prima che un'amica mi facesse leggere il suo prurito contro cesare
Battisti, credo di comprendere che il suo itinerario sia segnato da una
diffidenza tale da tutto ciò che proviene dalla vecchia URSS che siete
finita col trascurare coloro che in Francia denunciarono il suo
totalitarismo e sostennero i dissidenti. Quale colpa si porta dietro? Quale
assenza di lucidità la rende oggi tanto persecutrice quanto il governo
berlusconiano e le fa evocare una vittima sulla sedia a rotelle come se
quest'uomo fosse la metonimia di tutte le vittime di tutte le violenze
commesse dai "comunisti"?

Lei che abita in Francia, forse sa che numerosi vecchi comunisti, nella loro
variante maoista o meno, divennero i difensori forsennati di tutto ciò che
si allontanava dalle loro originarie convinzioni. La loro arte oratoria
essendosi sempre meglio costruita lungo il filo degli anni, arrivarono a
sostenere che i Lumi portavano al Gulag. Mi pare, ahimè, che lungi dall'
essere una Cassandra, visionaria "inascoltata", lei sarebbe piuttosto, se
gliene fosse data l'occasione, una nuova Clitemnestra che la fa assassinare.
Ma di chi era dunque figlia Clitemnestra?

Parigi, 13 marzo 2004


Lettre ouverte à Barbara Spinelli, éditorialiste

Madame,


Je viens d'apprendre que les juges de la cour d'appel de Milan ont décidé,
le 12 mars, d'acquitter les néo-fascistes : Delfo Zorzi (réfugié au Japon et
citoyen japonais), Carlo Maria Maggi et Giancarlo Rognoni, condamnés à
perpétuité pour avoir été les auteurs ou les complices de l'attentat de la
Piazza Fontana en 1969. Je me souviens de la mort de l'anarchiste Pinelli,
suicidé par un commissaire de police avant qu'enfin l'on découvrît que l'
extrême droite, soutenue par certains qui avaient quelque intérêt à ce que
se développât la stratégie de la tension, était commanditaire du massacre.
Souvenez-vous du dispositif américano-européen de lutte contre la subversion
d'extrême gauche en Europe, le Gladio, soutenu par une partie de la
démocratie chrétienne. Souvenez-vous des lois spéciales des années 1970 qui
peu à peu créèrent un appareil répressif tellement contraire aux droits de l
'homme qu'Amnesty International les dénonça.

Auriez-vous la mémoire courte, madame Spinelli ? Les « repentis », beau
fleuron de l'état d'exception, ont retrouvé très vite la liberté, mais les
victimes de leurs allégations sont encore en prison, simplement parce qu'
elles ont refusé d'entrer dans ce système avilissant. En déduirais-je que
pour vous la violence d'État est acceptable, elle ? En déduirais-je que le
corpus de lois qui faisait de chaque contestataire un criminel en puissance
et de Dalla Chiesa un grand inquisiteur des temps nouveaux est acceptable,
lui ? Ce que vous reprochez à Cesare Battisti c'est de ne pas s'être
repenti, c'est-à-dire d'avoir le front de ne pas s'humilier. Vous reprochez
aux journaux et aux écrivains qui soutiennent Battisti de ne point connaître
les faits, mais outre ceux que vous taisez et que je viens d'évoquer,
comment ne pas me dire que vous ne lisez pas la presse italienne et ses
approximations, ses informations fausses et contradictoires. Voyez par
exemple tout ce qui se dit autour de la mort du bijoutier Torregiani. Cet
homme eut aussi la gâchette facile à ce qu'il me semble. Pourquoi omettre
des informations qui rendraient compte de ce qui se passa réellement, y
compris lors de la fusillade et avant celle-ci ? Un commerçant aurait-il le
droit d'assassiner un voleur ?

Que penser de l'acharnement avec lequel des gens comme vous poursuivent de
leur vindicte des personnes pour des faits aussi anciens, alors qu'ils se
réclament d'une certaine grande idée de la justice ? C'est au nom d'une
autre idée de la justice que certains prônèrent et menèrent la lutte armée
dans les années 1970. Me direz-vous que le pouvoir alors en place n'était
pas corrompu ? Me direz-vous aussi que votre idée de la justice se dispense
de réfléchir au terrorisme d'État alors florissant ? Réclamez-vous pour ses
acteurs et complices, Berlusconi, par exemple, travaux forcés ou prison à
perpétuité ? Peut-être pensez-vous que ces gens-là ont assuré la continuité
de la démocratie ? D'une démocratie qui retire de plus en plus toute
capacité de revendiquer le minimum de dignité humaine à ceux qu'elle
considère comme les laissés-pour-compte de sa grandiose épopée marchande, d'
une démocratie devenue sans mot dire un état d'exception et où ceux qui
parlent en son nom ne s'aperçoivent même plus du rétrécissement de leurs
facultés critiques. Qu'il leur est alors facile de gober la RAI sans songer
un instant à remettre en perspective historique les commerçants qui règlent
leurs comptes, les maffieux impunis, les bandes armées des politiciens au
pouvoir, les manipulations de l'information par les journalistes, l'
incapacité même d'un esprit qui se voudrait lucide à saisir tous les enjeux
d'une situation sociale dont il est impossible d'avoir toutes les clefs.

Sous sa forme étatique comme sous sa forme anti-étatique ou communiste, le
terrorisme a fait beaucoup de morts et de blessés en ces années-là. Mais il
me semble qu'aujourd'hui, de même que certains anciens artisans de la
stratégie de la tension sont libres, tiennent les rênes de l'État italien,
il s'agirait peut-être de songer à l'amnistie.

J'aurais espéré, madame, qu'ayant vécu en France depuis tant d'années, vous
y auriez au moins compris ce que le mot amnistie veut dire. Les communards
français furent amnistiés dix ans après la Commune. Mais, diriez-vous, ces
gens-là furent de vrais insurgés, pas les « terroristes » italiens. C'est
vous qui le diriez car la presse d'alors n'eut de cesse d'assortir leur
évocation des pires épithètes de mépris. Que M. Robert Badinter ait pris
parti en faveur d'un apaisement des esprits, pourquoi le lui
reprocheriez-vous ? Nous devons à cet homme la suppression en France de la
peine de mort, ce qui n'est pas rien.

Voyez-vous, madame, mieux vaut choisir ce qui permet, même si cela n'est pas
compris sur-le-champ par les spectateurs et les électeurs, la voie de l'
apaisement, la cinquième saison, diraient des analystes. Quand des
gouvernements ont choisi, sur la foi de la parole d'un autre, d'envoyer
leurs troupes participer à des massacres de civils au Moyen-Orient
(Afghanistan, Irak), comment va-t-on les juger ? Fallait-il tant de morts
pour capturer un tyran ? Fallait-il tant de morts pour que l'on comprît qu'
un président d'une démocratie occidentale allait désormais s'opposer à ses
associés de la veille ? Que dire lorsqu'il utilise à des fins de campagne
électorale des images de l'attentat du 11 septembre ? Que dire devant l'
horreur du jeudi 11 mars à Madrid ?

Dans les années 1970, il n'y eut pas que la lutte armée. De multiples
expériences visèrent à transformer le monde et les relations humaines,
quelques coups d'État savamment préparés mirent fin à des démocraties (au
Chili par exemple), tandis que Franco finissait ses jours en toute quiétude.
Tout cela, vous le savez, accrochée à votre roc, à votre écueil d'
omniscience politique et de pensée autosatisfaite. Mais voyez-vous, moi qui
ne lisais ni ne connaissais vos chroniques avant qu'une amie ne me donnât à
lire votre prurit contre Cesare Battisti, je crois comprendre que votre
itinéraire est marqué par une défiance telle de tout ce qui venait de l'
ancienne URSS que vous en finissez bien par saluer ceux qui en France
dénoncèrent son totalitarisme et soutinrent les dissidents. Quelle
culpabilité traînez-vous ? Quelle absence de lucidité, vous fait aujourd'hui
aussi persécutrice que le gouvernement berlusconien et évoquer une victime
en fauteuil roulant comme si cet homme devenait la métonymie de toutes les
victimes de toutes les violences commises par les « communistes » ?

Vous qui habitez en France, vous savez sans doute que nombre d'anciens
communistes, dans leur variante maoïste ou non, devinrent des défenseurs
forcenés de tout ce qui s'éloignait de leurs anciennes convictions. Leur art
de dire s'étant de mieux en mieux construit au fil des ans, ils en sont
venus à soutenir que les Lumières menaient au Goulag. Il me semble hélas que
loin d'être une Cassandre, visionnaire « inentendue », vous seriez, si l'
occasion vous en était donnée, une nouvelle Clytemnestre la faisant
assassiner. Mais de qui donc Clytemnestre était-elle la fille ?

Paris, le 13 mars 2004
M-D. M.
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